Automne 2017, 1 voie, 2 erreurs...

Automne 2017, 1 voie, 2 erreurs.....
Une sortie d'escalade en grande voie ; plusieurs longueurs. Parfois c'est T. qui monte en tête,
parfois c'est R., selon les difficultés, car elle est plus expérimentée que T. Dans l'ensemble, tout se
passe bien, il n'y aura pas d'accident... sauf que...
- Au tout début, T. n'a pas terminé son relais qu'elle voit déjà arriver R. !
- Et, à la fin de leur ascension, alors que T. commence tout juste à passer une seule corde dans la
dégaine, elle sent une forte tension, d'un coup : la seconde de cordée était repartie, et a glissé; pas de
beaucoup, mais « heureusement que j'avais mis une corde » a pensé T...
La commission sécurité interroge R. et creuse ses réponses ; les voici, résumées : que s'est-il passé
dans sa tête pour qu'elle reparte alors qu'elle était censée attendre ?
Je me suis dit qu'on pouvait marcher en corde tendue ; c'est vrai que je ne le lui ai pas dit à elle : je
pensais que ça pouvais l'inquiéter et susciter beaucoup de questions si je le lui disais... C'était bête,
j'aurais du lui dire... J'ai fait ça car il y avait beaucoup de cordées devant, on attendait, attendait...
On ne pouvait pas faire une autre voie, elles auraient été trop difficiles pour T. J'avais froid... Et,
oui, j'ai été impatiente, c'est stupide. Si ça avait été plus dur, j'aurais attendu... Parfois, je suis
comme ça, d'un coup je fonce.
Sur la dernière longueur, je suis encore repartie sans attendre ; j'ai pensé qu'avec toutes les
dégaines, on était protégés. Mais j'ai posé le pied sur une branche et elle a cassé ! Ca m'a fait
descendre, mais à peine, car retenue par la végétation. Si elle n'avait pas cassé, il n'y aurait pas eu
de problème. [On lui apprend que T. n'avait pas mis le dernière dégaine, car il lui en manquait ; elle
accuse le coup] Alors elle aurait pu se faire bien mal...! Dans cette partie là, à la fin, on ne se
voyait pas... C'est vrai que ça lui a fait un choc, c'était une erreur de ma part...
J'ai fait tellement souvent cette voie, je la connais tellement, je savais qu'il n'y avait pas de
difficulté majeure... mais c'est vrai qu'un accident est possible... J'en n'ai pas parlé à la commission
sécurité parce que je n'étais pas fière...
Ce jour là ? Non, je n'avais pas de pression, "j'étais tranquille, j'étais trop bien, sure. On avait le
temps...
C'est intéressant de réfléchir à tout ça, pour ne pas recommencer. La sécurité avant tout..."
T., interrogée elle aussi, nous dira qu'elle n'a pas osé en parlé à R. car celle-ci est plus
expérimentée : "Je ne me voyais pas lui faire des remarques, d'autant plus que je sentais qu'elle
n'était pas à l'aise et s'en voulait. J'ai choisi de ne rien dire pour ne pas accentuer cette culpabilité
chez elle."
Ces réponses parlent d'elles-mêmes... En re-résumé :
- Manque de communication et d'anticipation (avant de commencer, parler de l'idée de
progresser en "corde tendue")
- Quand on est plus expérimenté, cela a des conséquence : l'autre se repose sur nous et
apprend de nous, il faut se montrer particulièrement rigoureux ; la personne moins
expérimentée peut perdre confiance.
- Savoir reparler de ce qui s'est passé : dans cette situation, les participants ne l'ont pas fait,
chacun repart avec des émotions négatives alors qu'en parler ensemble, pourquoi pas autour
d'un verre, permet de "désamorcer" (colère, peur, honte, perte de confiance...). Même si
certains sont plus expérimentés que d'autres, nous sommes tous égaux en tant qu'êtres
humains, n'ayons pas peur de parler à l'autre.
- Paradoxalement, se sentir tranquille, en terrain connu, facile, peut amener l'accident !
Fiche 4 : août 2017, tombé dans le vide
Lors d'une randonnée (sans neige) sur la crête du Tromas, une chute qui aurait pu être fatale :
quelques mètres de roulé-boulé avant le vide sidéral ! La personne qui a chuté (et a fini par se
rétablir sur ses pieds) nous dit : "J'étais déconcentré : je pensais à autre chose. J'ai mis le pied où il
ne fallait pas : sur une pierre qui ne tenait pas, c'est parti. J'aurais du rester concentré, puisqu'on
marchait au bord du vide."
Donc :
- Relâcher son attention est possible, en montagne, mais toujours avoir conscience qu'on la
relâche, en se demandant si l'on peut : encordé ? terrain exposé ? on reste concentré !
- Savoir s'arrêter dans les pentes (donc pas seulement sur la neige) : savoir faire l'
"araignée" !
- Les randonnées alpines sont dangereuses car paraissent faciles, elles peuvent faire appel
aux notions d'alpinisme et donc être mises en place si nécessaire. Souvent on néglige la
sécurité en randonnée alpine, on prend moins de matériel. Prendre une corde
systématiquement !