2024 Fiche 10bis: Avalanche récit Queyras Mars 2024

2024 Fiche 10bis: Avalanche Queyras

2024 Fiche 10bis: Avalanche Queyras

Coups de chaud en montagne


Ce samedi 2 mars, au cours du (super !) séjour multi-activités dans le Queyras, nous sommes
quelques cafistes à recueillir par hasard et à chaud le récit de skieurs de randonnée : nous arrivons
tous d'une randonnée à ski mais nos itinéraires étaient forts différents, comme vous allez le
comprendre. Mais avant, precisatum : je rédige ceci moi toute seule, dans le cadre de la commission
sécurité, mais sans prendre le temps de consulter qui que ce soit, car Mathilde souhaite boucler la
Lettre demain au plus tard. J'écris ce qui suit, toujours dans cette idée qu'il y a des enseignements à
prendre dans les situations « ouf-on-a-eu-chaud ».
Je nomme « Loïc » mon interlocuteur, mais nous ne connaissons ni lui ni son prénom. Nous sentons
juste qu'il est encore sous le choc de ce qu'il vient de vivre.
Loïc nous explique qu'il a fait partir une avalanche alors qu'ils étaient sur la crête, pas loin du
sommet du « Grand Queyras » ; l'avalanche a dévalé la pente qu'ils comptaient justement
descendre (https://www.data-avalanche.org/avalanche/1709389010543?lang=en). Loïc est très
impressionné par le fait que son avalanche en a déclenché 2 autres, dans les vallons contigus, par
propagation de l'onde.
Un peu en aparté, je poursuis l'échange avec Loïc pour lui prêter une oreille (il a besoin de parler)
et curieuse de connaître son analyse puisque nous étions en risque 3, mais 4 jeudi.
« D'habitude, j'encadre des sorties club, mais là, c'était différent, c'était entre potes, tous de très
bon niveau ; ça fait longtemps qu'on voulait faire cette sortie ensemble et qu'on avait programmé la
date. On habite loin, vers Lyon… On savait que les conditions n'étaient pas bonnes puisqu'il y avait
risque 4 il y a juste 2 jours… je m'étais même dit : je n'amènerais pas un groupe ! Mais là, des
potes de bon niveau... En plus, Alain Duclos est passé avant-hier, ici, dans ce vallon, et il a fait des
sondages à la pelle qui étaient mauvais… et on le savait… »
Et il complète : « L'avalanche était tellement large qu'à 7 on n'arrivait pas à toute la balayer avec
nos DVA !… On voulait être sûrs qu'aucune personne de l'autre groupe n'était dessous…
heureusement, le PGHM qui avait été appelé a pu compléter nos recherches : depuis leur
hélicoptère, avec les anciens DVA car ils sont + puissants… ils ont validé qu'il n'y avait personne,
du coup on est redescendus… Avant de partir, on savait que les voyants étaient orange… le facteur
humain, vraiment c'est le facteur humain… On est là pour en tirer des leçons… mais on a failli ne
pas pouvoir en tirer… »
Françoise Reynier, le 3 mars 2024